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« Huizi dit à Zhuangzi : J’ai un grand arbre qu’on appelle ailante. Sa grande partie basale est si gonflée et bosselée, qu’elle ne tombe pas sous la mesure du cordeau ni de l’encre, ses petites branches sont si torsadées et tordues qu’elles ne tombent pas sous la mesure du compas ni de l’équerre. Il a beau se dresser au bord du chemin, aucun charpentier ne se retourne pour le regarder. »Voici comment le philosophe chinois Zhuangzi, maître tao contemporain d’Aristote, décrivait l’ailante, un spécimen d’arbre qui se développe en plein cœur des villes et peuple désormais nos paysages quotidiens.Pendant une dizaine d’années, Simon Boudvin a suivi l’évolution d’une population de plus de 500 ailantes et observé la mutation des quartiers dans lesquels ils se sont implantés. Sous la forme d’un inventaire photographique, il a documenté entre 2010 et 2020 les conditions de développement de ces espèces entre les communes de Bagnolet et de Montreuil.À travers un texte et une série de photographies, Simon Boudvin interroge la place de ces arbres au sein des espaces urbains et, à travers cela, le rapport entre l’homme, la ville, et les espèces libres qui s’y développent de manière spontanée. Comment cette espèce s’est elle adaptée au tissus urbain artificiel et à une politique d’aménagement hostile ? Comment a-t-elle été intégrée au champ de la botanique et aux cultures locales ? Et quelle est désormais la place que nous offrons à ces espèces « exotiques et envahissantes » qui apparaissent dans nos villes ?L’ouvrage est accompagné d’une postface rédigée par Audrey Muratet, botaniste et docteur en écologie de l’université Pierre et Marie Curie.